« Enseignant dans cet établissement… vous détaillerez une ou plusieurs situations d’apprentissage »
Savoir élaborer une situation d’apprentissage est indispensable pour répondre aux enjeux des oraux du CAPEPS. Cependant, peu d’étudiant/es savent comment construire leur situation d’apprentissage. Il y a beaucoup de zones d’ombre qui empêchent le jury de comprendre clairement ce que tu souhaites faire acquérir aux élèves. Si la / les situations d’apprentissage sont implicites, c’est direction le bandeau 2.
Je vais t'expliquer en 9 points comment construire et réussir ta / tes situations d'apprentissage à l'oral du CAPEPS. Tu apprendras comment construire une situation d'apprentissage sur mesure pour tes oraux.
1) Ton objectif de leçon, en lien avec tes situations d’apprentissage
Un élément qui peut te paraitre évident et logique, mais souvent oublié par certains étudiants dans la précipitation de l’épreuve. Ton objectif de leçon, que tu établis après avoir analysé tes profils à la vidéo, doit répondre à toutes tes situations d’apprentissage.
L’erreur commise est lorsque tu proposes plusieurs situations, l’une peut paraitre complètement décontextualisée de son objectif. Le jury peut alors revenir sur le choix de ta situation par rapport à ton objectif de leçon. Ils chercheront à comprendre comment les liens pourraient fonctionner entre les deux.
L’intérêt de ce point est de rendre ton objectif de leçon explicite et de montrer tes transformations motrices envisagées dans tes situations d’apprentissage.
2) L’ADN du champ d’apprentissage, le cœur de l’activité, souvent oublié
À l’oral de leçon du CAPEPS, tu seras confronté à une activité-support de l’EPS, qui fait partie des différents champs d’apprentissage.
Les activités utilisées font références aux champs d’apprentissage qui les accompagnent. Sauf que très souvent, l’essence du champ d’apprentissage est mis dans l’ombre. En natation de vitesse, tu te dois de confronter l’élève à une / sa performance (CA 1), tandis qu’en danse, l’élève doit s’exprimer corporellement devant autrui (CA 3).
Néanmoins, beaucoup d’étudiants oublient cette notion de champ d’apprentissage… et ils oublient également pourquoi l’EPS se détache et prend support sur les activités qui l’accompagne. À un moment donné de ta leçon, l'une des situations doit répondre au champ d’apprentissage de l’activité.
Par exemple, dans le champ d’apprentissage 4 qui est de « Conduire un affrontement interindividuel ou collectif », si dans ta leçon, tu ne proposes pas de situations d’affrontement, de collectif et / ou d’opposition, le jury pourrait te reprocher de ne pas répondre au champ d’apprentissage.
En outre, dans le champ d’apprentissage 3 qui est de « S’exprimer devant les autres par une prestation artistique et/ou acrobatique », si dans ta leçon, les élèves ne s’expriment pas devant des spectateurs ou des juges, le jury pourrait te questionner.
Pour éviter ses erreurs dans ta leçon, tu dois obligatoirement faire le lien avec le champ d’apprentissage de l’activité. Sans cela, tu risques d’être pénalisé.
Comment faire ? Je te donne quelques règles d’or sur chaque champ d’apprentissage pour pouvoir toujours être en lien avec leur ADN :
En CA 1 : L’élève doit être confronté à une performance (prendre un temps chronométré, performance du dedans avec la notion de projet, score-parlant…).
En CA 2 : Proposer une situation d’apprentissage qui permet une adaptation de leur motricité (contraindre le nombre de prises touchées, passer sous un tapis, s’immerger pour passer dans des cerceaux ou remorquer sur une distance précise)
En CA 3 : Faire passer les élèves en petit groupe devant des spectateurs pour permettre l’expression devant les autres. Les juges / spectateur peuvent évaluer des critères.
En CA 4 : Proposer des matchs à thème qui reflètent l’intention de ton objectif de leçon et de ton PFD. L’opposition doit être présente dans l’une de tes situations.
En CA 5 : Les élèves doivent s’entrainer : c’est-à-dire qu’il doit y avoir une analyse, une mise en action, une régulation des paramètres de l’entrainement. La notion de projet et de choix doit être prédominante.
Attention, je ne dis pas qu’il faut proposer cela dans toutes vos situations, mais à un moment donné, dans une tâche d’apprentissage. Tu as le droit de décontextualiser sur une ou plusieurs situations. L’intérêt est que, à un moment donné, dans ta leçon, tu construises une situation de référence qui te permette de faire le lien avec le champ d’apprentissage de l’activité
3) L’échauffement, l’entrée dans votre projet de formation disciplinaire
Edit 2022 : Le projet de formation (PFD) étant supprimé, le remplacer simplement par votre objectif de leçon. L'idée est de toujours justifier vos propositions au sein de votre séance, pour ces élèves.
Très souvent, l’échauffement est décontextualisé de ton objectif de leçon, mais également de ton projet de formation disciplinaire. Je me rappelle encore lorsqu’un IPR (ancien professeur d’EPS) est venu nous donner des cours à l’ESPE. Il a constaté que les échauffements dans les leçons d’EPS, étaient très décontextualisés de leur objectif de leçon.
En ce sens, penses à faire le lien entre ton échauffement et ton PFD. L’intérêt est de tracer un « fil rouge » entre le début et la fin de ta leçon afin de donner plus de cohérence dans tes propos.
A titre d’exemple, si ton PFD a pour thème « L’entraide », ton échauffement doit proposer une entrée dans ton projet de formation disciplinaire. A titre d'illustration, tu peux proposer un échauffement construit collectivement, où chaque membre de l’équipe propose un exercice spécifique. Tu montreras au jury que ton PFD s’inscrit dans l’entièreté de ta leçon.
Néanmoins, ne passe pas trop de temps sur les explications de ton échauffement. Fais clair et concis, mais pointe du doigt ton effort de créer de la cohérence entre ton PFD et ton échauffement.
4) La situation « zoomée » : voir clairement les élèves en action
Le plus grand défaut des candidats est de manquer de clarté dans le détail de leur situation d’apprentissage : on ne voit pas assez les élèves en action.
Lorsque tu proposes une situation, n’hésite pas à zoomer sur un exercice ou un atelier spécifique pour permettre de voir explicitement ce que peut faire un groupe d’élève. C’est ce qu’on appelle une situation « zoomée ». Cette stratégie est intéressante car elle permet de :
Voir plus explicitement les élèves
De montrer des transformations motrices plus explicites
De faciliter la communication avec le jury
Par exemple, en musculation, sois explicite sur une machine et détaille clairement ce que font les élèves. Pose-toi ces différentes questions :
« Comment sont-ils organisés dans ma tâche d’apprentissage ? »
« Qu’est-ce qu’ils font concrètement ? Comment apprennent-ils ? »
« Comment les élèves se transforment dans la tâche que j’ai proposé ? »
« Comment les élève réussissent dans ma situation d’apprentissage ? »
Pour te proposer une solution, je faisais très souvent un zoom sur un atelier. Par exemple, après une situation de match d’analyse en badminton, je proposais plusieurs ateliers pour travailler un point fort ou faible du joueur. Dans mon cas, je prenais un atelier, et je le décrivais dans sa totalité.
Point sur l’AFL « Savoir se préparer et s’entrainer » : Cette organisation permet de justifier explicitement l’AFL 2 dans les nouveaux programmes du lycée sur l’ensemble des activités. A partir d’une phase d’analyse, l’élève va choisir son entrainement dans un atelier spécifique, préalablement défini et choisi suite à l’analyse des indicateurs relevés au cours de la situation précédente.
5) Ton PFD et ta situation, copain comme cochon !
Edit 2022 : Le projet de formation (PFD) étant supprimé, le remplacer simplement par votre objectif de leçon. L'idée est de toujours justifier vos propositions au sein de votre séance, pour ces élèves.
Votre PFD est le cœur de l’oral. Si tu n’établis pas de lien explicite entre ta / tes situations d’apprentissage et ton PFD, tu risques de basculer au fond du bandeau 2. Pour faire les liens, c’est assez simple, pose toi régulièrement la question suivante :
« Comment mon organisation pédagogique peut se justifier avec mon PFD ? »
Tout ce que tu proposes, que ça soit sur la forme de groupement, les outils pédagogiques utilisées (TICE, fiche d’observation, indicateurs) et les contenus d’enseignement, tout doivent servir ton projet de formation disciplinaire. Fais le réellement vivre et tu monteras dans le bandeau de note.
Point bandeau + : Pour t’aider à justifier plus rapidement ton projet de formation disciplinaire, numérotes tes stratégies d’intervention (n°1, n°2, n°3).
Pour faire-valoir ton PFD, tu dois être capable d’intégrer tout les numéros dans ta situation d’apprentissage à l’oral. Si tu ne sais pas ce que sont les stratégies d’intervention didactiques, je t’invite à lire ma méthodologie dans l’onglet « Méthodologie ».
6) T’inscrire dans la situation : La place de l’enseignant
Après de nombreuses situations, le jury le cherche toujours… un homme invisible ?
Une erreur récurrente qui apparaît souvent dans le rapport du jury : la place et le rôle de l'enseignant au sein de la séance. À croire que les élèves sont autonomes et que la situation « tourne » toute seule. On ne sait pas où est-ce qu'il se situe pendant la situation, lorsqu'il donne les consignes ou les feedback aux élèves. Il ne faut pas donner cette impression là. Il est nécessaire, pendant ton exposé, de montrer clairement ton intervention à l'intérieur de la leçon.
Comment faire pour dépasser ce problème ?
Premièrement, sur une feuille où tu présenteras l'organisation de ta séance, montre clairement au jury avec un stylo, où est-ce que tu te situes pour aller intervenir et pour donner les consignes aux élèves. Pose-toi la question :
« Quel rôle vais-je tenir en tant qu'enseignant pour remplir mon objectif de leçon et mon PFD ? ».
Pour t’aider, rajoute un petit point méthodologique dans l’ordre de ta situation. Nomme-le : « Place de lʼenseignant » (histoire de ne jamais l’oublier).
Petit plus pendant lʼoral de leçon, montre-nous les limites de ton intervention. Par exemple, si tu es là, il est alors compliqué dʼintervenir ici avec ces élèves... alors, tu proposes… Bref, tu as compris la démarche.
7) Des contenus d’enseignement et les variables pédagogiques, pour différencier
L’un des critères les plus essentiels est l’intention de différenciation dans ta situation d’apprentissage. En effet, en tant qu’enseignant d’EPS dans ta leçon, tu te dois de faire réussir tout les élèves, même ceux les plus en difficulté. L’absence de différenciation peut te couter très cher dans le bandeau de note.
Pour différencier, tu as plusieurs possibilités :
Différencier, à partir des profils identifiés sur la vidéo
Différencier, à partir des contenus d’enseignement
Différencier, à partir des variables pédagogiques
Les contenus d’enseignement (ou critère de réalisation) sont les mots que tu vas employés à l’élève afin qu’il puisse modifier sa/ses conduites motrices (souvent appelés, les feedback). Ils sont utilisés pour réguler les conduites motrices des élèves.
Après avoir défini deux/trois profils lors de ton analyse vidéo (avec un cadre d’analyse et des indicateurs précis), tu vas devoir adapter tes contenus d’enseignement pour leur proposer une aide précieuse dans leur progression. Par exemple :
Pour le profil 1, parce que tu as identifié ces difficultés pour ce profil d’élève, alors tu proposes de dire…
Pour le profil 2, parce que tu as identifié ces difficultés pour ce profil d’élève, alors tu proposes de dire…
Petit point d’aide, pense à créer un brouillon une « caractéristique vigilance », c’est-à-dire un élève qui possède des difficultés spécifiques ou/et qui nécessite une adaptation particulière (handicap, troubles cognitifs...).
Les variables pédagogiques sont les paramètres de simplifications ou/et de complexifications d’une situation d’apprentissage. Elles permettent de modifier le degré de difficulté de ta situation, pour la rendre plus simple lorsque les élèves sont en difficulté, ou plus difficile, si les élèves sont en réussite.
A toi de déplacer le curseur en fonction de ce que tu attends par les élèves.
Tu peux jouer sur différents paramètres :
La forme de groupement : affectif,
Le nombre d’élève
La distance
La récupération
La répétitions : nombre de validation / d’essai
Le nombre d’information
La taille de l’environnement
Le score
8) Mentionnes des critères de réussite explicites
Les critères de réussite sont des indicateurs qui permettent de savoir si l’élève à réussi (ou non) ce que tu attends dans une tâche. Ils doivent être facilement identifiables, que ça soit pour l’enseignant, mais surtout pour les élèves. Attention, tes critères de réussite doivent être en lien avec ton objectif de leçon.
Pour t’aider, pense à structurer des critères de réussite qualitatifs et quantitatif :
Quantitatif : indique aux élèves combien de fois ils ont réussi la tâche d’apprentissage. Des données chiffrées peuvent être utilisées. Par exemple, en escalade : Toucher 6 prises-mains au maximum.
Qualitatif : indique aux élèves la manière et comment ils doivent réussir un geste. Par exemple, en pentabond, pour montrer la réussite d’une foulée bondissante, un genou haut et une jambe d’impulsion tendue.
9) L’observateur, le coach magique… Non !
Une autre erreur assez répandue dans le milieu des situations d’apprentissage, c’est le coach magique. Il suffit que l’observateur ou le coach observe et relève des indicateurs d’observation pour permettre à l’élève de transformer ses conduites motrices. Alors oui mais… non.
Pour assurer des transformations motrices, les indicateurs doivent servir l’élève dans ses régulations. Autrement dit, les indicateurs doivent être utilisés pour proposer une régulation pour l’élève. Le simple constat d'observation par l’observateur ne suffit pas pour modifier le comportement moteur de l’élève. Dire que, « suite à ces observables relevés par le coach, l’élève va pouvoir modifier son comportement par essai-erreur… », ce n’est pas suffisamment explicite dans les transformations motrices.
La solution adéquate serait de proposer une situation (atelier…) à partir des données relevées par l’observation / coach. Dans ton organisation, ça pourrait donner :
Utiliser des indicateurs d’observation pour le coach
Relever et analyser les données avec le joueur / l’élève
S'orienter vers une situation, un atelier, pour que les élèves puissent travailler sur leurs problèmes identifiés par l’observation du coach
Point important : Attention sur le nombre d’indicateur utilisé : des élèves de 6eme ne peuvent pas observer la même quantité d’information que des élèves de seconde. Sois modeste dans le nombre et la qualité des informations à recueillir par les élèves.
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Sonny
Fondateur de Capoucapeps
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